Fanny Leeb : combattre le cancer avec force et musique

En 2018, la vie de Fanny Leeb bascule. A seulement 32 ans, la chanteuse est atteinte d’un cancer du sein particulièrement agressif. Aujourd’hui hors de danger, elle nous livre son témoignage.

Quelles ont été les dates clés de votre combat contre la maladie ?

« Le diagnostic est tombé le 4 décembre 2018 : un cancer triple négatif, particulièrement agressif. Quelques jours avant, je m’étais renversé un thé brûlant sur la poitrine. Une croûte s’était formée à l’endroit où une boule était présente dans mon sein, et j’ai immédiatement ressenti que quelque chose n’allait pas. En révélant cette anomalie, cet incident m’a probablement sauvé la vie.

La première chimiothérapie a eu lieu le 21 décembre 2018. Ce jour-là j’ai réellement pris conscience de la gravité de ma maladie. En l’espace de deux semaines, tout s’est accéléré : on m’a posé un port à cath et on a procédé à la congélation de mes ovocytes. Puis j’ai eu droit à des séances de radiothérapie, de chimiothérapie, ainsi qu’à une opération.

Mon traitement a duré près de huit mois, jusqu’en août 2019. Cinq ans après, en août 2024, on m’a annoncé que j’étais guérie. »

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui vit la même situation ?

« D’être dans l’acceptation et non pas dans le refus. De faire confiance au temps et aux spécialistes, et de toujours visualiser l’arrivée. 

Travailler sur l’état d’esprit est fondamental dans le chemin vers la guérison. La fatigue est particulièrement difficile à gérer, mais à chaque moment de faiblesse, j’essayais de m’échapper dans la nature pour me reconnecter à l’instant présent. Il faut dire à son corps de ne pas s’arrêter.

Ma famille et mon chien ont été un soutien très important. Les animaux ressentent lorsque quelque chose ne va pas. Avant mon diagnostic, mon chien avait des problèmes d’eczéma et restait souvent collé à moi. Étrangement, il a commencé à aller mieux dès que j’ai débuté mon traitement. 

Avoir une passion et des buts m’a aussi beaucoup aidée. Dans mon cas, c’était le chant. Pendant ma maladie, j’ai écrit l’album Awakening, qui a été mon exutoire et m’a permis de mettre des mots sur ce que je vivais. »

Quels ont été les aspects positifs de votre prise en charge? Y a-t-il des aspects à améliorer selon vous?

« Je crois beaucoup aux médecines alternatives, qui viennent en complément des traitements chimiques. L’équipe du CHUV et ses infirmières ont été incroyablement présentes, à l’écoute et bienveillantes pendant toute la durée de mon traitement. Ces relations humaines authentiques et vraies m’ont été essentielles. En parallèle, j’ai également bénéficié d’un suivi psychologique auprès de l’association Otium, dont je suis aujourd’hui l’ambassadrice. Ce centre propose plus de 40 thérapies holistiques pour le bien-être des personnes touchées par le cancer ainsi que de leurs proches. Ce centre est un soutien précieux, notamment pour ceux qui n’ont pas toujours de la famille pour les épauler. Mais de nombreuses autres associations existent, telles que K Fighteuses, Jeune et Rose, ou encore Keep a Breast. Il ne faut pas hésiter à les solliciter et à demander de l’aide. »

Comment gérer l’après?

« Soudain, tout s’arrête. C’est le moment où l’on prend conscience de ce par quoi on est passé. Pendant la maladie, on a enfilé notre costume de guerrière, et une fois le combat terminé, il faut s’adapter à la nouvelle personne que l’on est devenue. Face à soi-même, on se sent vite un peu perdue, et il y a la peur constante que le cancer revienne.

Après la maladie, je ne suis plus la même personne. J’ai appris à avoir confiance en moi et à reconnaître ce qui est essentiel : l’instant présent, les petits bonheurs de la vie, la nature. Toutes ces petites choses que l’on perd souvent de vue dans nos vies guidées par le stress et la précipitation.

J’ai appris à prendre le temps. Je me suis ouverte à de nouvelles pratiques, comme la méditation et le yoga. Si j’étais sceptique au début, ce sont des outils dont je ne pourrai plus me passer dans ma vie d’aujourd’hui. J’ai appris à ne pas m’en vouloir de ne pas avoir toujours avoir de l’inspiration. J’ai arrêté d’être en perpétuelle compétition avec moi-même. Je ressens un sentiment d’alignement avec mes valeurs. Je suis davantage dans le cœur que dans la tête, plus ancrée dans le vrai. 

Paradoxalement, le cancer m’a aussi rendue plus féminine. Quand on n’a plus de cils, plus de cheveux, il faut trouver des astuces pour maintenir sa confiance en soi. J’ai révélé la féminité que je possédais en moi et dont je n’avais pas forcément conscience. »

Qu’aimeriez-vous dire à Fanny en début de maladie?

« Dans la douleur, on peut puiser une force insoupçonnée. Partant du principe que rien n’arrive par hasard, j’estime que ma mission désormais est de sensibiliser le public. À travers mes chansons ou encore dans la bande dessinée Face au vent, je veux parler du cancer sans tabou, et surtout le dédramatiser. Je lui aurais dit « Aie confiance, tu vas t’en sortir. Et tu en ressortiras plus forte que jamais. » »

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