À une époque où l’instantanéité de l’information redéfinit notre rapport à la connaissance, les musées ne sauraient se limiter à la seule préservation du passé.
À Genève, là où les vestiges du temps se mêlent à l’effervescence du présent, le MAH se dresse comme un carrefour vivant entre Histoire et modernité.
Dans un geste audacieux d’actualisation de ses propositions et de redéfinition de son ancrage dans la ville, le musée s’apprête à offrir à ses visiteurs un itinéraire traversant 15’000 ans d’histoire locale sous un éclairage inédit. Du 31 janvier au 22 juin 2025, il accueillera ainsi la cinquième édition de ses expositions XL, naturellement intitulée « La Genevoise ».
À cette occasion, Marc-Olivier Wahler, le directeur, a souhaité laisser carte blanche à une figure incontournable de l’art contemporain : Carol Bove. Reconnue pour ses réinterprétations de formes classiques et son exploration des confins de l’espace muséal, l’artiste américaine, née dans la Cité de Calvin, proposera pour nous une relecture audacieuse et saisissante de la culture genevoise.
À travers cette démarche ambitieuse, Carol Bove entend d’abord redéfinir notre perception de l’art, en guidant les visiteurs sur un itinéraire chronologique, au fil duquel seront disposés des objets – et leurs fac-similés – sélectionnés tant pour leur usage quotidien que pour leur qualité tactile.
Une expérimentation qui se poursuit dans les salles et galeries intérieures, que l’artiste investit comme de véritables espaces de recherche. À l’image de sites archéologiques, ces
lieux dévoilent des approches
inédites en sondant l’histoire culturelle pour explorer les mythologies régionales, les dynamiques industrielles et les pratiques de loisirs.

La Genevoise, c’est enfin l’occasion d’une réflexion sur les mécanismes à l’œuvre dans le musée, pleinement renouvelée dans la dernière salle. Les visiteurs y découvriront ainsi des bancs, peints de la même couleur que les murs, afin de se fondre dans leur environnement. Une installation qui questionne la frontière entre objet d’art et objet quotidien et prolonge un examen initié dès la première « carte blanche » offerte à Lara Jakon Knebel en 2020.
Plus qu’une exposition, La Genevoise se conçoit donc comme un manifeste pour la libération de l’acte créatif et la conscientisation des mécanismes muséographiques en perpétuelle évolution. Un engagement qui place le MAH à l’avant-garde d’une réflexion essentielle : celle de la redéfinition de la place de l’art dans nos vies.