Benjamin Clementine: la nouvelle égérie de Vacheron Constantin

Benjamin, dans le cadre de la campagne « One of not many » de Vacheron Constantin, quels parallèles voyez-vous entre votre art et la haute horlogerie?
«J’ai rapidement perçu les similitudes entre mon processus de création et la haute horlogerie telle qu’incarnée par Vacheron Constantin. Je suis perfectionniste: peu importe le temps que je consacre à une œuvre, j’ai rarement l’impression qu’elle est achevée. Lors de ma visite chez Vacheron Constantin, j’ai été fasciné par leur savoir-faire, notamment l’émaillage des cadrans, qui sont cuits à plus de 900 degrés. Cela m’a immédiatement rappelé le mixage analogique en musique: les deux disciplines demandent une précision extrême, un ajustement minutieux et une compréhension des moindres détails qui influencent le résultat final. On sous-estime souvent la profondeur de ces deux univers. J’aime le son analogique pour sa chaleur, tout comme j’admire l’horlogerie traditionnelle. Aujourd’hui, ces deux domaines jonglent entre artisanat et technologie: les outils numériques accélèrent les choses, mais ils ne remplacent ni la profondeur ni l’âme de la création analogique.»

Qu’est-ce qui a donné un sens particulier à ce partenariat pour vous ?

«À l’époque, je connaissais peu l’univers des montres. J’ai grandi dans une famille où la richesse était intellectuelle avant d’être matérielle. Lorsque Vacheron Constantin m’a approché, j’ai été captivé par la complexité et l’histoire derrière leurs garde-temps. Leur quête de précision et d’excellence a profondément résonné en moi. Tout comme un horloger affine chaque composant, je passe des heures à perfectionner un mix, et pourtant, j’ai toujours l’impression qu’il pourrait être meilleur. Cette poursuite incessante de l’excellence est quelque chose que nous avons en commun.»

Moi aussi, j’apprécie le son analogique. Il y a une certaine humanité qui s’en dégage.
«Absolument. Nous sommes analogiques par nature: aucun être humain ne peut recréer une œuvre à l’identique, tandis qu’un ordinateur peut la reproduire à la perfection. C’est une distinction fondamentale. La quête d’efficacité nous pousse souvent vers le numérique, mais à quel prix? À force de chercher la rapidité, on risque de perdre quelque chose d’essentiel.»

Vous évoquiez plus tôt votre éducation, où l’intellect primait sur les biens matériels. Pensez-vous que votre authenticité ait joué un rôle dans le choix de Vacheron Constantin de collaborer avec vous?

«Je pense, oui. L’authenticité ne se fabrique pas. Certains ont naturellement une curiosité profonde, un désir sincère d’apprendre et de comprendre ce qui est juste. Je ne veux pas généraliser, mais il est évident que beaucoup ne placent pas cette quête au premier plan. Créer de la musique – ou n’importe quelle forme d’art – avec authenticité ne devrait même pas être une question. Pourtant, les circonstances extérieures influencent souvent le processus. Par exemple, produire de la musique avec du matériel analogique coûte cher. De nombreux jeunes artistes n’ont pas les moyens d’y accéder. J’ai dû investir une fortune pour bâtir mon studio.»

Combien pourraient bénéficier d’un tel environnement? Combien pourrait-on guider vers une musique plus réfléchie, loin des morceaux générés rapidement par ordinateur?
«Quand on travaille avec de l’analogique, on passe plus de temps sur chaque morceau, à l’affiner, à le perfectionner. Et forcément, la probabilité de créer quelque chose d’exceptionnel augmente. C’est ce qui me frustre parfois avec la technologie moderne: elle nous fait gagner du temps, mais au détriment de la qualité artistique.»

Diriez-vous que l’un des secrets réside dans le fait de consacrer du temps à ce que l’on aime?
«Oui. Le temps n’est jamais perdu lorsqu’on le consacre à une passion. Regardez l’histoire: les plus grands artisans ont travaillé pendant des décennies avant que leur œuvre ne soit pleinement reconnue. Vacheron Constantin en est l’exemple parfait: cela fait 270 ans qu’ils créent, construisant une identité forte, fondée sur la résilience et la pertinence de chaque pièce.»

Quand j’écoute votre musique, je ressens immédiatement une connexion émotionnelle. On sent que vous avez trouvé un équilibre intérieur que vous partagez avec le monde. Comment avez-vous développé cette capacité?

«En m’acceptant. En comprenant que je ne peux être que moi- même. Une fois que vous intégrez cela, il n’y a plus rien à craindre. La solitude a joué un rôle clé. L’isolement est un outil puissant – pour moi, pour vous, et même pour une maison comme Vacheron Constantin. Il impose une forme de clarté, de concentration et de persévérance. Quand je crée, je ne cherche pas à provoquer une émotion. Mais l’honnêteté résonne naturellement chez ceux qui l’écoutent.»

Auriez-vous un conseil à donner à ceux qui cherchent à trouver leur propre processus créatif, même en dehors de la musique? 

«Je vis selon trois principes: Patience, Passion et Pratique. La passion vous pousse à pratiquer, et la pratique exige de la patience. C’est un écho à ma manière de travailler, tout comme à celle de Vacheron Constantin. Quand je monte sur scène, les spectateurs ne viennent pas seulement écouter ma musique. Ils viennent voir un artiste qui a consacré des années de sa vie à son art, sans aucune garantie de succès. C’est cela qui les fascine. La patience est essentielle, et elle tend à disparaître. Que ce soit en horlogerie ou en musique, les grandes choses prennent du temps. Travailler avec du matériel analogique enseigne la patience: attendre qu’un compresseur réagisse, qu’un mix trouve son équilibre… Alors qu’avec un ordinateur, il suffit d’un clic et tout est instantané. Mais si nous prenions vraiment le temps d’écouter, nous percevrions la différence. Il en va de même pour la vie: quand on prend son temps, on crée quelque chose de réellement précieux.»

Y a-t-il une ou deux décisions majeures qui ont façonné la personne que vous êtes aujourd’hui?
«Absolument. L’une d’elles a été de tout quitter à Londres pour partir à Paris, sans contact, sans argent, sans plan. J’ai même jeté mon téléphone dans la Seine. C’était insensé, mais profondément transformateur. L’autre a été d’avoir un enfant. Ce n’était pas une décision irréfléchie, mais c’est un choix qui change une vie à jamais. Une fois que vous devenez parent, l’existence ne tourne plus autour de vous – elle tourne autour de cet être que vous avez mis au monde. C’est une véritable révolution intérieure.»

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut