Beyond the Banker Gianmarco Bonaita

Gianmarco Bonaita dirige Alpian avec la précision d’un technicien et l’âme d’un explorateur. Co-fondateur et aujourd’hui CEO de cette banque digitale suisse née d’un projet intrapreneurial, il incarne une typologie de leaders qui refusent les raccourcis, même quand le chemin est escarpé. Pour lui, la rigueur n’a de valeur que si elle permet d’honorer ce qui compte vraiment: les relations humaines, la passion, et l’intégrité du projet.

Gianmarco n’a jamais été banquier. Issu d’une famille d’entrepreneurs près de Milan, il se forge une pensée analytique à l’université Bocconi, puis une vision du monde au gré d’expériences internationales: Hong Kong, Mumbai, Genève, Lausanne… Loin des sentiers battus, il choisit de poursuivre une partie de ses études en Inde, dans une école de management réputée. Un choix audacieux, quand d’autres privilégient les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’Australie. «J’ai voulu me confronter à quelque chose de radicalement différent», confie- t-il. Ce séjour est un tournant. Il y découvre une autre échelle du monde, une densité humaine et culturelle qui bouscule ses repères. Il y développe une capacité rare à relativiser, à s’adapter, à puiser de l’inspiration dans l’incertitude. «Ce que j’y ai appris, c’est à faire la part des choses entre le bruit et ce qui compte vraiment.» Confronté à un univers nouveau, cette expérience restera avec lui tout au long de son parcours comme une réelle initiation.

Cette fascination pour la complexité fertile ne l’a jamais quitté. Il aime la région des Grisons et son romanche, le Tyrol du Sud et ses italiens germanophones, les plats où se croisent les influences. Il aime quand les identités se rencontrent et créent du neuf, quand les règles, les contraintes et les complications deviennent un terrain de jeu pour la créativité. Il en est convaincu: ce sont souvent les limites imposées – qu’elles soient culturelles, techniques ou personnelles – qui forcent à penser autrement, à chercher les solutions ailleurs. Son livre préféré ? La Divine Comédie. «Une œuvre si complexe, avec tant de règles et de contraintes, qu’elle en devient magnifique.»

Avant de rejoindre Alpian, il fait ses armes chez Boston Consulting Group, d’abord à Mumbai, puis à Genève. Il y découvre l’exigence, le rythme soutenu, la confrontation aux dures réalités des grandes organisations. Il comprend assez tôt qu’il veut aller au-delà du rôle de conseil. «J’ai appris énormément, mais je voulais être dans l’action, avoir la responsabilité de ce que je construis.» Le goût de l’entrepreneuriat, sans doute hérité de sa famille, s’impose. Ce besoin d’ownership l’accompagnera dans toutes ses décisions futures.

Chez Alpian, tout est mobile, sauf les principes

Diriger une banque 100 % digitale pourrait prêter à penser que tout repose sur la technologie. Mais pour Gianmarco, la clé du succès est ailleurs: dans l’humain. «Les décisions financières ne sont pas que rationnelles. Elles sont profondément émotionnelles», confie- t-il. C’est pourquoi Alpian intègre dès ses débuts la possibilité de parler à un conseiller, dans l’une des trois langues nationales ou en anglais, sans barrière d’entrée artificielle. L’interaction humaine n’est pas une option: c’est une condition essentielle à la confiance et un transformateur commercial qui n’a pas son pendant numérique.

Et l’approche fonctionne. Si la banque a grandi rapidement – aujourd’hui forte d’une centaine de collaborateurs dont 75 en Suisse – c’est en grande partie grâce à ses clients: le bouche-à- oreille est devenu un moteur formidable de croissance. Une preuve que la relation bien pensée, même dans un modèle « mobile-only », peut générer un attachement durable.

«L’environnement n’est pas figé, les rôles évoluent: on apprend, on s’adapte, et on avance. Ensemble.»

Un leadership qui prend de la hauteur

Même s’il le fait volontiers, il parle relativement peu de lui, mais beaucoup des autres. De ses équipes, qu’il veut autonomes mais alignées. De ses clients, qu’il accompagne avec attention. «Je suis frustré quand je sens qu’on fait les choses sans y croire.» Pour lui, l’engagement n’est pas un supplément souhaité, mais une condition sine qua non pour l’équilibre. Il valorise les collaborateurs capables de sortir de leur fiche de poste, de grandir avec l’entreprise. «L’environnement n’est pas figé, les rôles évoluent: on apprend, on s’adapte, et on avance. Ensemble.»

S’il reconnaît aimer parfois aller dans les détails, notamment sur l’expérience client, il s’efforce à prendre de la distance et de la hauteur. C’est un travail de tous les jours: apprendre à faire confiance, à laisser émerger les idées des autres, à transmettre l’intention plutôt que d’imposer une méthode. Il sait que c’est là qu’il a la plus grande marge de progression personnelle: dans la capacité à sortir de l’immédiateté, à prendre le recul nécessaire pour orienter sans diriger, et laisser à chacun la possibilité d’agir avec autonomie et sens. «Le plus important, c’est que tout le monde comprenne le ‘pourquoi’. Ensuite, chacun peut contribuer à sa manière.»

Une vie en pente raide

Le seul endroit où il accepte de perdre un peu le contrôle, c’est au ski. Une obsession plus qu’un hobby. Pour Gianmarco, l’année est simple: il y a la saison de ski, et la saison où l’on attend la saison de ski. Entre deux descentes, il se recentre, prend du recul, trouve cette perspective qui lui permet de mieux voir où aller. Et de continuer à construire, un virage après l’autre, sans jamais céder à la facilité.

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut