COTE Magazine s‘associe au Club diplomatique de Genève pour vous révéler la Genève internationale de l’intérieur. Notre rencontre avec l’Ambassadeur Yannick Roulin, Directeur du Centre d’accueil de la Genève internationale (CAGI).
Que représente pour vous la Genève internationale ?
La Genève internationale est un écosystème unique au monde car il n’existe aucune autre ville où se concentre une telle variété d’acteurs. Ce riche microcosme permet de nombreux échanges et coopérations, indispensables à la résolution des défis mondiaux de plus en plus complexes Genève est le cœur du système opérationnel onusien, c’est une véritable fabrique de solutions: ici sont édictées de nombreuses règles qui impactent concrètement la vie des citoyens du monde entier.
Pour moi, elle est aussi un symbole de paix et de dialogue, de par les nombreuses discussions diplomatiques qui y ont lieu. Et c’est également le centre humanitaire par excellence, qui abrite non seulement la Croix rouge depuis plus de 150 ans, mais aussi l’Organisation internationale pour les migrations, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, ou encore le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.La Genève internationale est clairement un atout pour la Suisse et sa politique étrangère. Elle lui offre la possibilité de rencontrer de nombreux dirigeants et experts, de faire passer des messages au plus haut niveau et de rayonner internationalement. Elle donne à la Suisse un poids supérieur à sa taille.
En termes économiques finalement, ce sont plus de 47’000 personnes (familles comprises) qui travaillent pour la Genève internationale. Avec les emplois indirects et induits, cela représente environ 11% des emplois du canton, 11% de son PIB, et près de 8 milliards de francs dépensés dans toute la région chaque année.
Comment vivez-vous la Genève internationale ?
Cela fait de nombreuses années que je travaille pour la Genève internationale. Après avoir occupé différents postes pour le DFAE à Berne, au Canada et en Chine, J’ai travaillé à la Division Nations Unies où je m’occupais de la politique d’Etat hôte. J’ai ensuite été posté à Genève en tant que Représentant permanent adjoint et chef de la division État hôte de la Mission permanente de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies.
Depuis juillet 2023, je dirige le Centre d’Accueil de la Genève internationale (CAGI). Fondé par la Confédération Suisse et la République et canton de Genève en 1996, le CAGI soutient l’installation et l’intégration des employés de la Genève internationale et de leur famille, favorise l’implantation et le développement des ONG travaillant dans cet écosystème et soutient la venue des délégués étrangers participant à des conférences internationales.
Le CAGI a un rôle de facilitateur de la vie quotidienne de ces nouveaux arrivants : il fournit des conseils personnalisés, organise notamment des conférences thématiques sur la santé, la scolarité, l’emploi, etc., recommande des activités culturelles, met en place des tandems linguistiques pour renforcer les connaissances des langues et rapprocher les communautés locales et internationales et organise des excursions pour découvrir la région.
Comment voyez-vous l’avenir de la Genève internationale ?
Globalement, je le vois de manière sereine et positive. Cependant, la Genève internationale n’est pas acquise, et la concurrence de la part d’autres villes et pays est très forte : le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne, la France ou encore les pays du Golfe ont eux aussi de bons arguments et cherchent à attirer des acteurs internationaux. Genève est de plus une ville très chère, ce qui pèse dans le budget des organisations.
Toutefois, elle possède de nombreuses qualités comme le fait de concentrer une pluralité d’acteurs, d’offrir un cadre de vie exceptionnel et des infrastructures qui fonctionnent bien. Conscientes de ces atouts et de l’importance d’une Genève internationale forte, les autorités agissent de manière forte et proactive.
Pour que la Genève internationale demeure, il faut continuer à investir dans des infrastructures de pointe et de nouveaux lieux de rencontres physiques au cœur du quartier des Nations, mais aussi dans le digital ainsi que dans les thématiques d’avenir, afin que notre ville puisse se positionner dès à présent sur les enjeux qui agiteront le siècle, notamment l’intelligence artificielle. Le travail d’équipe est une condition sine qua non à cette réussite : autorités, organisations internationales, ONG, entreprises privées, fondations, académies doivent plus que jamais renforcer leur collaboration afin que perdure la Genève internationale dans le concert des nations.
Maison de Maître et La Pastorale
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