Le sommeil, un business qui fait rêver

Longtemps considéré comme une simple nécessité biologique, le sommeil est devenu un marché à part entière. Quels sont les grands axes économiques qui exploitent ce phénomène ?

Les chiffres donnent le vertige: selon le think tank RAND, le manque de sommeil coûterait jusqu’à 2,3% du PIB américain chaque année, soit plus de 400 milliards de dollars de pertes de productivité. Un gisement d’opportunités pour les entreprises qui promettent des nuits plus longues, plus profondes, plus réparatrices.

Ces deux dernières décennies, nos habitudes de sommeil se sont pourtant dégradées. Un tiers des adultes dort moins que les sept heures recommandées, et près de huit adolescents sur dix manquent de repos en semaine. En cause: des journées de travail ou d’école mal alignées sur notre horloge interne, l’usage nocturne d’écrans qui repoussent l’endormissement, et la prévalence croissante de troubles comme l’apnée du sommeil. Face à ce constat, l’offre s’est structurée autour de deux grands pôles: la technologie et l’artisanat haut de gamme.

La vague techno

Les insomniaques connectés peuvent désormais surveiller chaque battement de cœur et chaque micro‐réveil grâce à une montre intelligente ou un anneau capteur, ou même des oreillers connectés. Le marché des dispositifs de suivi du sommeil, évalué à près de 27 milliards de dollars en 2023, pourrait dépasser les 58 milliards d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel moyen proche de 12%. L’offre va bien au‐delà du simple «quantified self»: applications de thérapie cognitivo‐comportementale, algorithmes qui recommandent des horaires de coucher optimaux, lampes qui modulent la lumière pour synchroniser l’horloge biologique…

Même YouTube s’invite dans la chambre: les playlists de bruits blancs, de voix apaisantes ou de méditations guidées se comptent par millions de vues, offrant un réconfort nocturne désormais normalisé.

Le retour en grâce de l’artisanat

À l’autre extrémité du spectre, le sommeil s’offre en expérience sensorielle ultime. Ici, pas de capteurs ni de données: on
parle de draps en cachemire, de lits confectionnés à la main, et de matelas qui se transmettent presque comme un héritage.
Sleep Atelier, qui conçoit des ensembles sur mesure aux finitions irréprochables, proposant même à ses clients des nuitées dans des palaces à prix réduit pour tester leur matelas, ou la maison suédoise Hästens, célèbre pour ses lits rembourrés de crin de cheval, incarnent cette tendance. Les prix peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais la promesse est claire: un confort inégalé, fruit de savoir‐faire et de matériaux d’exception. «Un sommeil de qualité n’est pas un luxe mais une nécessité physiologique et mentale», insiste Cédric Godot, Directeur de la boutique Sleep Atelier.
Deux voies, un même rêve

Si la technologie progresse vite grâce à l’attrait pour l’innovation et aux modèles par abonnement, l’artisanat conserve un atout majeur: sa capacité à séduire une clientèle en quête de rareté et de prestige. Les deux approches ne s’excluent pas: un même consommateur peut porter une montre connectée la nuit… posée sur un matelas ultra‐luxe de chez Sleep Atelier. Au‐delà des gadgets et du luxe, la course au sommeil parfait révèle surtout une prise de conscience collective: bien dormir n’est plus un luxe, c’est un investissement. Dans un monde où la performance se mesure autant à l’endurance qu’à la créativité, le sommeil devient la nouvelle frontière du bien‐être et un business qui, décidément, fait rêver.

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