Dans les années 1960, certaines destinations autrefois discrètes deviennent les emblèmes du glamour et de la liberté, façonnées par la jet-set, les créateurs et l’insouciance d’une décennie légendaire.
Dans les sixties, le monde voyage différemment. La démocratisation des vols, l’essor du cinéma et la montée en puissance de la jet-set transfor- ment certaines villes et îles en véritables mythes. Saint-Tropez, Capri, Ibi- za, Marrakech, Acapulco deviennent alors des symboles de liberté, de luxe et d’excentricité, façonnant l’imaginaire d’une décennie haute en couleurs.
Saint-Tropez, jusque-là paisible port de pêche, bascule dans la légende en 1956 avec Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim. Brigitte Bardot y pose ses valises et attire le Tout-Paris. Les cabanes de pêcheurs se transforment en villas blanches et le Byblos, inauguré en 1967, devient le temple de la fête. Romy Schneider et Alain Delon s’attablent au Sénéquier, Jane Birkin et Serge Gainsbourg s’allongent sur le pont d’un yacht, tandis qu’Eddie Barclay orchestre ses soirées blanches devenues mythiques.


À Capri, la dolce vita s’écrit entre escaliers abrupts et terrasses surplombant la Méditerranée. Les stars hollywoodiennes croisent Aristote Onassis et Maria Callas au mythique Quisisana, tandis que la Piazzetta devient le théâtre d’une élégance décontractée. Jackie Kennedy et Grace Kelly y popularisent un style chic et solaire, tan- dis que les artisans locaux inspirent les créateurs italiens.
À Ibiza, l’histoire s’écrit autrement: l’île devient un sanctuaire bohème. Dès le début des années 1960, peintres, écrivains et hippies s’y installent, séduits par son authenticité. Aristocrates européens et voyageurs en quête de liberté s’y mêlent dans une atmosphère hédoniste. Les premières discothèques ouvrent leurs portes, annonçant la légende festive qui marquera l’île pour les décennies à venir.
Marrakech attire une autre forme de jet-set. Paul Bowles avait déjà donné à la ville une aura littéraire, mais c’est dans les années 1960 que la médina devient refuge d’artistes et de couturiers. Ta- litha Getty immortalise la ville dans une photo devenue culte sur une terrasse de la médina. Yves Saint Laurent et Pierre Bergé y acquièrent le Jardin Majorelle, transformant Marrakech en capi- tale du raffinement oriental.
Enfin, de l’autre côté de l’Atlantique, Acapulco explose en sym- bole du glamour exotique. Elizabeth Taylor y célèbre son mariage, Frank Sinatra et John F. Kennedy viennent s’y délasser. Les villas modernistes poussent sur les falaises, les hôtels comme le Las Brisas accueillent la jet-set, et les plongeons spectaculaires de La Quebrada fascinent les spectateurs. C’est l’âge d’or d’un Mexique rêvé, entre fêtes hollywoodiennes et modernité tropicale.


© Reginald Gray






			
