Art Basel, retour sur un événement tentaculaire

Co-fondée en 1970 par trois galeristes bâlois dont Ernst Beyeler, Art  Basel a clos sa 55e édition le 22 juin 2025. 

  • Par Katia Baltera

Cette année Art Basel a accueilli le public avec une oeuvreœuvre monumentale de Katharina Grosse, une installation majeure, qui transforme l’espace de la Messeplatz et les structures alentours en un gigantesque environnement chromatique rouge vif et blanc.

On connaît Art Basel pour sa foire prestigieuse attirant galeries et artistes consacrés et émergeants des cinq continents. Mais ne participe pas à la grand-messe qui veut. Sur plus de 1000 candidatures, seules près de 300 galeries triées sur le volet auront la chance de débourser une petite fortune pour venir s’installer une semaine, dans la sacro-sainte Rundhofhalle. Cette année ce sont 4000 artistes des 20 et 21e siècles qui ont pris possession de l’espace de la Messe Halle. Entre la profusion d’oeuvres qui s’offrent au regard et une certaine confusion spatiale due à la taille de la manifestation, le parcours doit être méthodique si tant est qu’on se mette en tête de tout voir.  Quoi qu’il en soit la diversité, la richesse culturelle et artistique, tant par les différentes techniques que par les contenus, surprend, éblouit et éveille l’esprit.

Devenu un trade mark à partir des années 90, la foire doit compter aujourd’hui avec sa progéniture : Art Basel HK, Miami, Paris et bientôt Doha au Qatar. La diversification de la marque sur le globe entraîne des variations de fréquentations, non pas du visiteur lambda, mais plutôt des collectionneurs. 

Selon un recoupement de plusieurs sources, le bilan est mitigé tant au niveau de la fréquentation qu’au niveau des ventes. Le contexte politique chaotique rend naturellement les investisseurs plus frileux. Les ventes de leur côté ont enregistré des montants à 7 chiffres allant jusqu’à 13 millions de dollars pour un un David Hockney. De quoi voir venir avec sérénité la semaine à venir ! Il n’en reste pas moins que ce sont les poids lourds qui s’en sortent le mieux. Qu’en est-il des galeries plus modestes ? On en parle moins. Une chose est certaine, c’est que le monde change et qu’une nouvelle génération de collectionneurs entre 25 et 35 ans émerge. Ces derniers commencent à collectionner des œuvres à des prix plus abordables. Ce sont les collectionneurs de demain et ne sont pas à laisser pour compte !

Art Basel Paris apparemment dès sa première édition en 2024 semble plus encline à montrer de jeunes artistes conceptuels émergeants, et s’engage dans une ligne moins timorée qu’Art Basel, qui cette année s’est montrée plus prudente et plus consensuelle dans ses choix artistiques. Cela pourrait expliquer, entre autres, une migration significative des collectionneurs américains vers Art Basel Paris.

Comme tous les grands événements établis, Art Basel permet à plusieurs manifestations satellites de profiter de l’internationalisation éphémère de la Ville. Ainsi, galeries et musées apportent leur contribution au grand raout de l’art contemporain avec des expositions sur mesure. Art Basel reste un événement majeur et de référence pour l’art contemporain et se déploie dans toute la ville avec des événements périphériques, tels que Unlimited, Basel Social Club, Statement, La Liste, Parcours, Volta.

Basel Social Club, un lieu incontournable de Art Basel

Le lieu, déjà, est digne d’être mentionné. Trois maisons bourgeoises citadines du 18e, réunie par des escaliers et des passerelles, autrefois propriété d’une banque privée. Elles forment un dédale de plus de cent pièces de niveaux différents allant de la cave au grenier. Curateur et artiste de renom Klaus Littman co-leader du projet FOR ART gère le lieu. On s’y perd avec bonheur au gré des pièces d’exposition. Volontairement iconoclaste dans sa conception curatoriale, il n’y a ni ordre, ni parcours et encore moins de volonté didactique, si ce n’est que les œuvres exposées explorent des thèmes liés au système de valeur et au commerce qui fait écho à l’activité historique du lieu. Le visiteur va son chemin au gré des stimuli dans ce cabinet de curiosités.

Ici, tout se vend, encore que ! Dans un des sous-sols, on trouve une sorte de mini usine à fabriquer du Jeff Koons, pour les distribuer aux visiteurs. «Oeuvres d’art» numérotées dont la vie éphémère n’en dit que trop sur certaines avant-gardes. Au détour d’un escalier, c’est un jeune-homme qui se filme en passant l’aspirateur, happening dont le message est suffisamment éloquent pour ne pas élaborer. Quelques bars sur des petites terrasses, beaucoup de va vient, d’effervescence, de surprises et de décontraction. Un antidote à la Foire, où le visiteur, déambule dans les allées interminables, affichant autant d’admiration que de perplexité, de curiosité autant que d’hébétude, parfois !

Unlimited : les poids lourds de Art Basel

Unlimited, c’est la démesure, ce sont 67 installations de très grandes dimensions que pratiquement seules les institutions, disposant de grands espaces peuvent acquérir.

C’est donc ici que les directeurs de musées, de fondations et autres décideurs d’espaces urbains viennent étudier le marché. Ce sont des dispositifs qui demandent parfois de longues heures de montage tel We rise by lifting others de Marinella Senatore, ouvrant le bal à l’entrée de l’exposition. Ce sont des œuvres que l’on aborde dans l’espace, on les arpente, les contourne, tel le long couloir au 21 portes de Jaume Plensa, Forgotten dreams, où sur chaque porte figure un extrait de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Unlimited exprime avec intensité la vocation qu’elle s’est donnée, à savoir, donner aux artistes un espace (presque) illimité pour donner forme et vie à des œuvres monumentales qui portent la plupart du temps sur de grandes thématiques humaines et sociales.

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