Tourisme spatial: un pari fou qui divise l’opinion

Alors que les premiers vols commerciaux se multiplient, investisseurs, experts financiers et spécialistes de l’hospitalité décryptent les promesses (et les limites) d’une industrie naissante qui pourrait redéfinir l’avenir du voyage.

  • Par Sherif Mamdouh

Un pari stratosphérique: pourquoi les investisseurs persistent

Malgré des coûts faramineux, une rentabilité encore très incertaine et une adoption marginale, le tourisme spatial continue de captiver l’imaginaire et d’attirer les capitaux. Joaquin Cascallar, CIO de Targa 5 Advisors, y voit un effet de convergence entre un récit puissant et une promesse technologique à long terme. «L’espace cristallise des aspirations émotionnelles fortes, ce qui renforce son pouvoir d’attraction auprès de certains profils d’investisseurs», explique-t-il.

Charles-Henry Monchau, CIO de la Banque Syz, souligne, lui, le potentiel de croissance rapide. D’après lui, les projections de marché à deux chiffres sur les dix prochaines années offrent un horizon de retour sur investissement séduisant, à condition de parier sur les bons acteurs.

Un luxe radicalement nouveau

Pour le Dr Lohyd Terrier, professeur à l’EHL Hospitality Business School, le tourisme spatial pourrait redéfinir la notion même de luxe. «Déconnecté des formes traditionnelles d’opulence matérielle, le luxe en orbite est un luxe d’émotion, de transformation personnelle, d’accès à l’inaccessible», dit-il. L’expérience, plus que le confort, devient la finalité — et non plus un moyen.

Selon lui, même la phase d’entraînement préalable à un vol spatial pourrait être pensée comme une forme de retraite introspective. Ce moment de préparation, souvent perçu comme une contrainte, pourrait être valorisé comme une étape immersive à part entière du voyage. De quoi prolonger et valoriser l’expérience bien au-delà du vol.

Rentabilité: bien plus que le billet

Joaquin Cascallar rappelle que le secteur est encore massivement dépendant de financements extérieurs. Des indicateurs comme le «cash burn rate» ou la capacité à maintenir une levée de fonds régulière sont aujourd’hui jugés plus déterminants que le chiffre d’affaires immédiat. Pour Charles-Henry Monchau, la baisse continue du coût au kilogramme transporté grâce aux fusées réutilisables est un levier stratégique central dans le modèle économique du secteur.

Mais la billetterie n’est pas le seul relais de croissance. «Les infrastructures orbitales et les services annexes – formation, assurance, contenus immersifs, merchandising – présentent aujourd’hui un potentiel de rentabilité bien supérieur aux vols eux-mêmes», note le directeur des investissements de la Banque Syz. Joaquin Cascallar abonde: «La station spatiale privée, polyvalente, accueillant scientifiques, touristes et marques, sera le véritable actif rentable du futur.»

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