La rédaction de COTE a sélectionné trois livres qui sentent bon le voyage. Des périples dans l’espace comme dans le temps, pour parcourir divers lieux et destins.
Cavaler seule
de Kathryn Scanlan
LA CROISÉE
Coup de cœur ! Kathryn Scanlan, remarquée pour ses recueils de nouvelles, a rassemblé les souvenirs d’une entraîneuse de chevaux de l’Iowa entre 2018 et 2021. Elle en a fait un récit découpé en courts chapitres, au style abrupt qui reflète l’environnement de Sonia. Dès son premier cheval, qui a vécu 35 ans, Sonia appréhende le monde : « Il prenait toujours soin de moi – et moi de lui. » Dans le milieu des courses hippiques, compétitif et misogyne, Sonia subit blessures et agressions. Kathryn Scanlan relate cela avec précision et une formule mémorable.
Le passant du Bowery
de Clément Ghys
SEUIL
Lower East Side, Manhattan, années 60. Clément Ghys explore chaque coin de cet immeuble emblématique de la Beat Generation, du rez-de-chaussée à la terrasse, retraçant la vie de ses appartements et de ses résidents célèbres comme Mark Rothko, William S. Burroughs, John Giorno, Wynn Chamberlain, Lynda Benglis, et bien d’autres. À travers un narrateur mystérieux, Ghys relate la fascinante histoire du 222 Bowery, obscurcie par le SIDA et la gentrification, avec style, bien sûr.
Proust, roman familial
de Laure Murat
ROBERT LAFFONT
Son homosexualité assumée lui aura valu d’être ostracisée de sa propre famille aristocrate qui ne pouvait concevoir une autre destinée qu’un convenable et fastueux mariage. Une famille dont certains membres apparaissent dans l’inestimable et incontournable À la Recherche du temps perdu. En relisant Marcel Proust, Laure Murat, formidable essayiste (Relire, La Maison du Docteur Blanche !) revit également son éducation à l’aune de la littérature et en déconstruit savamment les rouages toxiques. Autant sensible qu’analytique.