Beyond the banker : Olivier Calloud, CEO de Piguet Galland

Derrière la façade d’un banquier expérimenté se cache une âme façonnée par les défis de la vie, portée par un sens aigu du détail et une quête insatiable d’authenticité. Olivier Calloud n’est pas un homme qu’on définit en quelques lignes, car son parcours, tout comme sa personnalité, est riche de nuances et de contrastes. Homme de responsabilités et d’élégance discrète, il est aussi un voyageur dans l’âme, un éternel curieux qui explore autant le monde extérieur que ses propres limites. Il évoque avec passion les livres qui l’inspirent, les films qui le touchent, et les chemins qu’il parcourt, appareil photo à la main, à la recherche de ce qui lui permet de comprendre le monde et lui-même. Au-delà du banquier, se révèle un humaniste, un explorateur à l’écoute des possibles.

Dès les premières minutes avec l’expert-comptable arrivé à Genève il y a près de 30 ans, une qualité frappe: son attention. Le diplômé de Sciences Po ne survole pas les choses ; il les habite pleinement. Pour lui, chaque rencontre, chaque projet mérite une considération sincère, presque artisanale. Cette approche, il l’a transposée dans sa vision de la banque. «Je pense que nous exerçons un métier d’hospitalité», explique-t-il. «Comme dans un palace, chaque détail compte pour créer une expérience mémorable.» Il parle alors d’une salle des coffres qu’il a contribué à imaginer, avec des couleurs soigneusement choisies et une signature olfactive unique, conçue par un maître parfumeur. «Si l’argent n’a pas d’odeur, le secret, lui, en a une», ajoute-t-il avec un air taquin.

Mais au-delà du quotidien, Olivier Calloud est animé par un besoin fondamental : être utile. Ce mot est le fil rouge de sa vie professionnelle et personnelle. «Travailler dans une banque, ce n’est pas seulement vendre des produits financiers. Il s’agit d’aider nos clients à réaliser leurs projets de vie.» Cette quête de sens dépasse les frontières de son métier. Il cherche à être utile à ses collaborateurs, à ses proches, et même à lui-même, en restant fidèle à ses aspirations les plus profondes.

Une philosophie qu’il cultive à travers ses passions. Lecteur vorace, il se plonge dans des récits qui résonnent avec sa propre histoire. Il évoque avec émotion La Promesse de l’aube de Romain Gary, où la relation entre l’écrivain et sa mère lui rappelle la sienne. Cinéphile averti, il a été marqué par Perfect Days de Wim Wenders, un film sur la beauté cachée dans les gestes simples du quotidien. Ces œuvres, tout comme ses nombreux voyages, nourrissent son regard sur le monde.

Et ce regard, il le pose aussi à travers l’objectif de son appareil photo. Pour lui, photographier est plus qu’un loisir : c’est une manière de donner du sens au chaos. «Faire une photo, c’est trouver une perspective, une harmonie dans un monde qui n’en a pas toujours», dit-il. Chaque cliché reflète un état d’alignement entre son esprit et le monde qui l’entoure. «Quand je prends une photo, c’est que je suis en phase avec moi-même.» Ce même alignement, il le recherche en marchant. En mai prochain, il partira seul sur le chemin de Compostelle. Pas par foi religieuse, mais pour s’immerger dans l’énergie d’un sentier foulé par des millions de pèlerins avant lui. «C’est une manière de me recentrer, de sortir de ma zone de confort.»

«Ce qui m’anime, c’est de relier des gens, de créer des moments où les émotions et les idées circulent.»

À ce stade, une question émerge : d’où vient ce besoin de se connecter au monde tout en explorant son intériorité ? Sans doute de son passé et un événement tragique qui lui hôte prématurément son innocence. Il évoque avec sobriété la perte de son père, survenue lorsqu’il avait dix ans. Ce vide, il le comble en endossant des responsabilités précoces. «Je crois que ça a structuré ma personnalité», admet-il. Ce rôle, où l’enfant devient un pilier actif du foyer, a façonné son caractère : sérieux, résilient, mais aussi porté par une volonté de protéger, d’aider, de construire. Cette résilience, il la compare parfois à celle d’un boxeur. «On m’a souvent décrit comme quelqu’un qui encaisse les coups et se relève immédiatement», dit-il. Dans son quotidien de dirigeant, les échecs ne sont pas des obstacles, mais des apprentissages. «C’est Churchill qui disait : ‘Le succès, c’est d’aller d’échec en échec avec enthousiasme.’ Et je crois profondément en cette idée», rappelle-t-il, même si la Banque Piguet Galland a le vent fermement en poupe depuis plusieurs années.

La notion d’apprentissage est également quelque chose qui lui est chère, puisqu’il a instauré une véritable culture de formation continue pour les quelque 190 employés qu’il dirige à la banque, reconnue comme l’ un des meilleurs employeurs de Suisse. «On insiste beaucoup sur la formation pour l’employabilité de nos collègues. Ça fait partie de nos engagements, de nos relations en termes de responsabilité sociale d’entreprise», dit-il avec conviction.

Olivier Calloud ne se contente pas d’avancer seul. Il se définit aussi comme un rassembleur, quelqu’un qui aime créer des connexions.
Il organise des événements où se mêlent art, culture et émotion, comme cette rencontre entre une pianiste et un écrivain, dans un atelier baigné de lumière. «Ce qui m’anime, c’est de relier des gens, de créer des moments où les émotions et les idées circulent.»

À travers cette vie tissée de rencontres, de lectures, et de projets, Olivier Calloud incarne une certaine idée de l’élégance : celle qui ne se montre pas, mais se ressent. Une élégance faite de sincérité, de profondeur, et d’un désir constant d’explorer le champ des possibles. Derrière le banquier, se dévoile un homme en marche, porté par une quête d’équilibre et d’harmonie, où chaque pas compte autant que la destination. Pour Olivier Calloud, la banque n’est pas une finalité, mais un trajet : un outil pour créer, relier et rendre utile. Depuis qu’il a découvert ce métier, presque par hasard, il en a fait une activité passionnante où le bien-être de ses clients et de ses équipes est le métronome qui rythme ses journées. Mais il est aussi conscient que le monde de la finance est en mutation. «La transformation est une nécessité», affirme-t-il, certain que les entreprises doivent s’adapter aux défis d’aujourd’hui pour préparer ceux de demain. Toujours en marche, il se projette vers un horizon où productivité et impact trouvent un nouvel équilibre. Un horizon qui, à l’image du chemin de Compostelle qu’il foulera, se construit pas à pas, avec persévérance, introspection et sensibilité.

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