En joaillerie aussi le fooding est un terrain inspirant. Nadine Ghosn a trouvé la recette pour transformer l’ordinaire en extraordinaire, avec humour, créativité, élégance et savoir-faire. L’art de la gastronomie éphémère devient immuable avec ces pièces de joaillerie pop, ultra créatives et désormais iconiques, telle la bague Veggie Burger. Récemment, la créatrice a associé sa créativité à celle du Chef pâtissier Cédric Grolet. Interview croisée.
Le fooding est plus glamour que jamais. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Nadine Ghosn : Je pense qu‘à mesure que les gens voyagent et se connectent, ils veulent explorer des saveurs, des cultures et des plats différents pour élargir leurs expériences et leurs connaissances. La technologie, bien que source de surstimulation, catalyse également
la créativité, invitant à de nouvelles approches et interprétations de la nourriture et des traditions de longue date – stimulant ainsi l‘innovation.
Cédric Grolet : Je pense que la cuisine est plus glamour que jamais en partie grâce au nombre croissant d‘émissions télévisées apparues ces dernières années, qui mettent en avant et en scène des créations culinaires du monde entier.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la gastronomie ?
N.G : La beauté de la nourriture réside dans le fait qu‘elle nous rassemble, qu‘elle construit la communauté et qu‘elle favorise le dialogue. L‘histoire racontée par la culture culinaire est si riche et universelle qu‘elle est véritablement un symbole culturel et transmet des valeurs générationnelles et des rituels.
C.G : La gastronomie m‘inspire la convivialité ! La food en général, c‘est aussi des moments d‘émotions, des souvenirs qui reviennent et qui se partagent. Personnellement, il s’agit également d’apprentissage.
En quoi ces deux univers sont-ils complémentaires ?
N.G : J‘aime ce qu’exprime la gastronomie et sa préparation à partir d‘ingrédients variés. Tout comme la mode ou la joaillerie, la gastronomie est une forme d‘art et d‘expression. Mes créations de joaillerie reprennent des éléments de la culture culinaire, utilisant des matériaux précieux tels que l‘or et les diamants pour embellir et capturer à jamais un moment, un produit ou un souvenir. Le pain au chocolat me rappelle l‘époque où je l‘achetais frais à la boulangerie sur le chemin de l‘école, la nostalgie d‘écouter de la musique et de partager des trajets en voiture avec mes frères et sœurs me remplit de joie – ce souvenir est incarné dans la forme du pain au chic. La gastronomie est le lien sous-jacent entre Cédric et moi, pour rendre extraordinaire quelque chose d‘ordinaire, avec précision et détail.
C.G : La gastronomie, comme la mode, est une forme d‘art et il me semble que le fooding de manière globale évolue vers des créations toujours plus artistiques.
Quelle est votre recette pour transformer l‘ordinaire en exceptionnel ?
N.G : J‘aimerais penser que j‘ai la recette gagnante ! Mais chaque pièce représente un défi. J‘essaie de traduire ma perception, les détails et la dimensionnalité à travers mes créations en respectant et en élevant le quotidien.
C.G : J‘ai tendance à dire que je m‘inspire des classiques de la pâtisserie française et que j‘essaie de les faire revivre et de les adapter aux tendances du moment. J‘essaie d‘exprimer des idées simples : mes créations doivent être visuellement attrayantes et facilement compréhensibles.
Pensez-vous que les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la conversation entre la mode et la gastronomie ? Ont-ils insufflé une nouvelle esthétique à la gastronomie, devenue une expression artistique à part entière ?
N.G : Je pense vraiment que les réseaux sociaux ont démocratisé l‘information en général. Encourageant l’audace et une plus grande créativité dans le domaine de la gastronomie aussi. Les médias sociaux ont réduit les barrières, donnant à chacun un pied d‘égalité. Mais c’est à double tranchant, il faut rester pertinent et créer continuellement afin d’alimenter sa communauté et rester une source d‘inspiration. Les réseaux encouragent le dialogue et fournissent un flux d‘idées continu qui enrichit et élève la gastronomie dans son ensemble.
C.G : Les réseaux sociaux ont certainement favorisé la gastronomie et le fooding, car les gens voyagent et ont l‘occasion de découvrir de nouveaux pays et de nouvelles saveurs. Je rejoins également les propos de Nadine, sur le caractère instantané et sans frontières que nous offrent les réseaux sociaux.