Figure majeure de l’art en Russie, Nikas Safronov nous ouvre les portes de son univers inspiré des rêves et de la vie.
Quelles sont vos principales sources d‘inspiration?
Ma principale source d‘inspiration, c‘est la vie. Je m‘inspire aussi beaucoup des rêves, que je vois clairement, comprends et transpose sur mes toiles. Les paysages, les personnes et les événements historiques sont également inspirants. En général, l‘inspiration est insaisissable et changeante. Je crée constamment, même en dehors de mon atelier. L‘amour et les relations sont de grandes sources d’inspiration. Mais je n‘ai jamais eu une muse unique.
Pouvez-vous nous décrire votre processus de création artistique ?
Chercher consciemment des idées, des techniques, ou une structure pour sa création risque de produire des résultats médiocres et déconnectés des émotions du spectateur. Le don artistique est souvent associé à une inspiration divine. Malgré les recherches, le mystère de la créativité reste inviolé. En 2000 tableaux, j‘ai vécu autant de processus uniques. Les modèles varient, tout comme les méthodes. Je travaille par contre toujours la nuit et me couche à 14 ou 15 heures.
Quel est votre style?
C‘est une question que je laisse aux historiens de l‘art. Certains disent que je n’ai pas de style propre. Cela vient peut-être du fait que j‘ai beaucoup étudié les grands maîtres. J‘ai toutefois développé le concept de « Dream Vision » qui associe des éléments classiques à des tendances plus récentes, créant une synergie d‘où émergent de multiples significations. « Dream Vision » vise à restaurer l‘intégrité perdue de l‘art face à la diversité des styles modernes.
Comment êtes-vous venu à l‘art ?
Mon parcours artistique a évolué sans que je le planifie. J‘ai découvert ma passion pour l‘art grâce à ma mère et à ma fascination pour les icônes. Plus tard, j‘ai été influencé par la lecture de Balzac et les illustrations de Gustave Doré. J‘ai commencé à dessiner dès l‘école. Après une brève expérience dans une école de marine, j‘ai rejoint l‘école M. B. Grekov. Mon talent m‘a permis de surmonter le manque de formation artistique. Après l‘armée, j‘ai continué à développer mes compétences artistiques. Mon voyage dans le monde de l‘art a commencé, et je n‘ai jamais regardé en arrière.
Comment choisissez-vous les sujets de vos œuvres et quel message cherchez-vous à transmettre à travers elles ?
Les thèmes de mes œuvres ne sont pas choisis délibérément, mais m‘apparaissent spontanément. Les portraits naissent
parfois de rencontres ou de visages intrigants. Le style « Dream Vision » est né tôt le matin à Venise, lorsque la ville était calme. J‘exprime également des rêves en peinture. Ma préoccupation centrale est la vie dans toute sa diversité, mêlant amour et cruauté, beauté et laideur. Mon art reflète ces contrastes.
Parlez-nous de votre relation avec les collectionneurs et le public. Comment cela influence-t-il votre travail ?
Lénine pensait que vivre en société et être libre étaient incompatibles. Il avait raison. La société est complexe, avec un public, des critiques, des vendeurs, des acheteurs, des musées, des galeries, des collectionneurs. Un artiste dépend de toutes ces catégories. Pour ma part, je suis libre de la critique d‘art. Elle est souvent influencée par des facteurs extérieurs. J‘aimerais dépendre uniquement du public, des visiteurs d‘expositions, car ce sont eux qui influencent mon travail. Merci pour leur présence et leurs encouragements. Les musées, comme le Musée russe, l‘Ermitage, et la Galerie Tretiakov, accueillent environ 60 de mes œuvres. Mes relations avec les autres artistes sont complexes et les vraies amitiés sont rares. Elles n‘influencent pas mon travail de manière significative.
Comment percevez-vous le rôle de l‘art dans la société moderne?
S’il ne joue pas un rôle aussi crucial que la science, la technologie, l‘éducation, la médecine, l‘art vise à apporter l‘harmonie et à révéler la beauté du monde, de la nature, des relations humaines, etc. Le monde actuel est toutefois souvent en décalage avec ces idéaux, ce qui limite la place de l‘art dans la conscience publique. L‘avenir déterminera si l‘art peut pleinement remplir sa mission dans notre société actuelle, mais il est essentiel de travailler en ce sens, une démarche que je poursuis activement.