La sandale Oran: une icône de mode

Par Isabelle Cerboneschi

Cela fait 26 ans que les femmes les achètent invariablement, dans toutes les couleurs et toutes les matières qui soient. Ce sont les sandales qui accompagnent le mieux les étés au bord de la mer, de l’océan ou au bord de chez soi, tout simplement. Elles s’appellent Oran et elles sont l’un des best-sellers de la maison Hermès, l’une des rares chaussures ayant réussi à se hisser au statut d’icônes.

L’Oran est née en 1997 sous le coup de crayon du talentueux Pierre Hardy, Directeur de création de la chaussure, bijouterie et joaillerie chez Hermès. Chaque année, la direction choisit un thème particulier qui donnera le ton à l’ensemble des créations de la maison. Nous sommes proches de la fin du XXe siècle et Jean-Louis Dumas, le PDG et directeur artistique d’Hermès, décide que 1997 sera l’année de l’Afrique.
Pierre Hardy a eu un trait de génie en inventant la sandale qu’il a baptisée Oran, du nom de la ville portuaire algérienne. Une semelle, un H qui forme une bride et c’est tout ! Mais c’est justement cette épure absolue qui lui confère son statut de sandale éternelle. Il est rare qu’une lettre de l’alphabet puisse être à la fois décorative et utile. C’est le cas du H.

En 1896, environ cent ans avant la naissance de la fameuse mule, l’architecte Louis Sullivan (dont Frank Lloyd Wright fut l’assistant) a inventé la maxime « La forme suit toujours la fonction ». Elle est devenue l’un des principes fondateurs du Bauhaus. Avec la sandale Oran, la forme suit la fonction et réciproquement.

Pierre Hardy envisageait cette mule assez simplement. « La sandale d’Oran était très spéciale car elle n’était pas censée devenir un classique. C’était une simple chaussure plate, presque invisible, comme un pied nu sur lequel on aurait peint quelque chose. C’est une chaussure que j’ai créée pour la collection 1997 de l’Année de l’Afrique pour Hermès et qui s’inspirait d’un motif utilisé par la tribu Ndebele pour décorer ses maisons. C’était il y a 20 ans et elle est toujours là aujourd’hui », confiait-il dans une interview donnée à Footwear News en 2018.

Lorsque l’on regarde des images des maisons des Ndebele, une tribu d’Afrique du Sud, qui ont inspiré le créateur, on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle avec la sandale Oran, en effet. Les décors muraux forment une composition de larges aplats de couleurs vives et contrastées qui s’inscrivent dans une géométrie rigoureuse, soulignée par d’épais traits noirs. C’est le cas du H aux proportions parfaites qui se découpe sur la peau comme une peinture ou un précieux tatouage.

Avant de créer des chaussures, il faut savoir que Pierre Hardy a commencé sa carrière en tant que danseur professionnel. Dans chacune de ses créations, il n’oublie pas le nécessaire besoin de confort du pied et du corps. Pour cette sandale, il souhaitait qu’elle donne l’impression de marcher pieds nus. La semelle a l’air extrêmement fine mais en réalité, l’intérieur en cuir est légèrement rembourré et surmonte un talon en bois d’un centimètre de hauteur qui est quasiment invisible.

L’Oran est l’accessoire qui correspond parfaitement à l’engouement nouveau pour ce que l’on appelle le Quiet Luxury, soit le luxe discret qui vient donner – temporairement – un coup de balai à des années de mode extravagante dont le chef de file était Gucci sous la direction artistique d’Alessandro Michele.

Dès son arrivée dans les boutiques, l’Oran est devenue un best-seller et continue de l’être. Et même si les teintes les plus prisées sont les plus classiques – le beige, le noir et le Gold (en réalité un marron clair) – la mule existe dans une multitude de couleurs et de matières, allant du cuir à la peau lainée en passant par le vernis, les peaux exotiques, le denim, le velours ou la toile effilochée. La version la plus précieuse étant les sandales Himalaya Oran, en crocodile niloticus teinté.

Outre leur simplicité, c’est aussi la versatilité des mules Oran qui fait leur succès. Elles se portent invariablement de jour comme de nuit, au bureau, à la plage ou en soirée, elles accompagnent les tenues les plus décontractées – shorts, jeans, joggings – tout comme les robes du soir.

Les Oran séduisent toutes les femmes, qu’elles soient célèbres ou non. En mai dernier, Meghan Markle, qui a un goût pour les pièces minimalistes et le design intemporel, a été photographiée alors qu’elle allait déjeuner avec son mari Harry, le duc de Sussex, dans le Sushi Bar Montecito, à Santa Barbara. Elle portait les sandales dans le coloris « Gold », la plus emblématique, avec ses surpiqûres écru. Les Oran de la duchesse de Sussex se mariaient parfaitement avec sa robe Napoléon signée Heidi Merrick couleur chocolat.

L’élégance intemporelle est la marque de fabrique de la maison Hermès et la sandale Oran est la plus jolie manière de signer son appartenance à une tribu discrète, à même le coup de pied.

hermes.com

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