Lambert Wilson, le plus chanteur des acteurs

Fin février, le plus chanteur des acteurs revient en Suisse pour interpréter les chansons du compositeur allemand Kurt Weill.

Comment vous est venu l’idée de ce concert ?
Cela faisait longtemps que je souhaitais rendre hommage à Kurt Weill. Avec Bruno Fontaine, chef d’orchestre, pianiste et compositeur qui m’accompagne depuis des années, nous avons voulu créer un spectacle de théâtre musical avec un orchestre symphonique. Nous nous sommes produits plusieurs fois avant que tout ne soit stoppé à cause du Covid.

Au sortir de la crise, le Lemanic Modern Ensemble, un ensemble genevois, est venu nous rencontrer pour remettre ce spectacle sur pied. Il a fallu réécrire les partitions et l’adapter pour une vingtaine de musiciens. Nous nous sommes déjà produits au Victoria Hall il y a une année.

Sur scène, je conte et chante la vie de Kurt Weill en trois parties: sa vie sous l’Allemagne nazie et sa rencontre avec Bertold Brecht, sa fuite en France puis la consécration de ses comédies musicales à Broadway. Ces différentes périodes de vie sont évoquées par des extraits de L’Opéra de quat’sous, Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny, Happy End Marie Galante, Lady in the Dark, Knickerbocker Holiday, Love Life, ou encore Street Scene.

Crédit photo: Igor Shabalin

Qui vous a donné l’envie de chanter ?
Mon enfance a été bercée par la musique. Des mélodies fortes, entraînantes, qui résonnaient en moi. J’ai toujours été séduit par la mélodie. Elle m’accompagne du matin au soir, je suis en permanence en train d’écouter la radio et de me faire des blind tests.

Ce goût de la musique m’a été transmis par mon père, qui était directeur du Théâtre national populaire. Durant sa carrière, il a dirigé de nombreux opéras dont Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, qui fait partie du spectacle. Saxophoniste et comédien, il nous a initié, mon frère et moi, au saxophone. Je me rappelle que nous invitions tous les lundis des musiciens à la maison, un groupe de jazz des 50’s. Je préparais le dîner, les autres répétaient. Ce sont des souvenirs heureux.

Êtes-vous plutôt acteur ou chanteur ?
Je chante depuis plus de 40 ans, et cela continue d’étonner ! Le public me connaît davantage dans mon rôle de comédien.

J’ai fait une école de théâtre à Londres, où l’on m’a appris à chanter et jouer. Dans la culture anglo-saxonne, on mélange toutes les disciplines du spectacle, afin d’être un artiste aussi complet que possible. Il faut savoir se débrouiller et s’adapter pour survivre, c’est un métier très dur. En France, les artistes ne se mélangent pas. C’est peut-être pour cela que tout au long de ma carrière, on m’a collé diverses étiquettes : le plus british des acteurs français, l’acteur grand public, etc… J’ai assez vite cessé de lire ce qu’on écrivait sur moi. Je n’ai d’ailleurs aucun réseau social, je n’ai pas le temps et ne me reconnais pas dans ce nouvel usage.

Comment conciliez-vous vos activités musicales avec votre métier d’acteur ?
Les journées sont intenses ! Une production comme celle de Kurt Weill me demande énormément de travail et de préparation. Lorsque je suis en tournage, je m’isole pour apprendre mes partitions entre deux scènes, travailler la langue dans laquelle je vais chanter, en l’occurrence l’allemand. L’acteur est plus seul que le chanteur. Chanteur, je suis porté par les musiciens, c’est une véritable communion lorsque l’on s’entraîne tous ensemble.

Parlez-nous de votre relation avec la Suisse.
Chaque fois que je viens en Suisse, je retrouve une terre familière. Ma première expérience en tant qu’acteur était d’ailleurs à Saint-Moritz, lorsque je campais le rôle d’un guide de montagne des années 30, dans Cinq Jours, ce printemps-là.

J’ai découvert votre pays lorsque j’étais petit, un ami de mes parents nous invitait dans son chalet perché au milieu des alpages, des herbes, des fleurs. J’ai un rapport poétique avec la Suisse. Ce sont des goûts, inoubliables: celui du Sinalco, des Sugus, de l’Ovomaltine…J’en repars toujours apaisé.

Lambert Wilson chante Kurt Weill

Les 24 et 25 février 2023 à 20h.
Salle de spectacle de Renens, Rue de Lausanne 37, 1020 Renens

Billetterie : salles.spectacles.renens.ch

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut