Stéphanie Lambert: directrice de la Croix-Rouge genevoise

En 2024, la Croix-Rouge genevoise fête ses 160 ans. Rencontre avec Stéphanie Lambert, directrice générale de l’organisation.

Quelle est la mission principale de la Croix-Rouge genevoise ?
«La Croix-Rouge genevoise est une association locale indépendante, qui fait partie du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Elle aide les Genevois et les Genevoises en souffrance, isolés ou exclus, en répondant aux besoins non couverts. Chaque année, presque 10% des habitants du canton de Genève bénéficient de son soutien.

À travers environ 40 programmes différents pour des personnes de tout âge, des nouveau-nés aux personnes âgées, l’association se concentre sur la santé, l’aide ponctuelle et l’intégration sociale. Elle agit selon les principes de la Croix-Rouge, notamment l’humanité et l’impartialité.

Depuis sa fondation en 1864, la Croix-Rouge genevoise s’est constamment adaptée aux besoins changeants de la population. Elle a joué un rôle pendant les guerres mondiales, en assurant le ravitaillement et les soins des blessés. Au fil des années, elle a multiplié ses programmes d’aide, par exemple le Chaperon Rouge, les Transports Croix-Rouge et la Permanence de soins dentaires.

Elle innove sans cesse pour répondre aux besoins locaux, tout en s’inscrivant dans une volonté de synergies et de collaborations, avec le tissu associatif genevois, de nombreux partenaires cantonaux, communaux et fédéraux, ainsi que les autres associations cantonales Croix-Rouge.»

Si vous deviez résumer 160 ans en trois dates clés ?
«1864: La fondation de la Croix-Rouge genevoise par douze bénévoles Genevois, dont l’acte est signé de la main même d’Henry Dunant, le Genevois à l’origine du Mouvement. Ses premières actions viennent en soutien au travail du CICR à l’étranger. L’action de la Croix-Rouge genevoise ne se situe alors pas encore au niveau local.
1889: Des bénévoles genevoises ont l’idée qu’il faut se prémunir non seulement des conséquences des guerres, mais aussi des «ennemis du dedans», à cette époque la tuberculose, la mortalité infantile, l’alcoolisme et déjà, l’isolement. Elles lanceront le premier service organisé de soins à domicile par des infirmières, que la Croix-Rouge genevoise gérera jusqu’en 1999 et qui est aujourd’hui assuré par l’Imad. La Croix-Rouge genevoise devient une actrice clé de l’aide sociale et sanitaire locale.
2023: Comme plusieurs autres, 2023 a été une année riche en innovations, avec le lancement de trois nouveaux services. Tout d’abord les Transports Croix-Rouge, une équipe de bénévoles formés et encadrés par la Croix-Rouge genevoise qui transporte des personnes à mobilité et aux moyens financiers réduits dans leur voiture, pour se rendre par exemple à des rendez-vous médicaux. Il y a aussi Oasys, qui propose un soutien scolaire pour des enfants avec des troubles d’apprentissage. Finalement le Centre Alice, situé près de la gare Cornavin, qui accompagne et héberge des jeunes adultes en difficulté.»

Pouvez-vous donner deux exemples concrets et actuels de projets menés par la Croix-Rouge genevoise?
«Par exemple, des gardes d’enfants spécifiquement formées du service Chaperon Rouge interviennent auprès de bébés et de jeunes enfants hospitalisés. Je mets ce programme en avant, car, depuis deux ans, les besoins ont fortement augmenté, rendant notre présence encore plus essentielle.
Les gardes accompagnent ces enfants et, par leur présence rassurante et stimulante, préviennent le syndrome d’hospitalisme, qui peut avoir des répercussions graves sur leurs capacités émotionnelles, sociales et cognitives futures. Un autre exemple sont les Auxiliaires de vie Croix-Rouge. Elles interviennent à domicile et en urgence si besoin pour soutenir des personnes en perte d’autonomie. Il peut s’agir de personnes qui vivent seules et se sentent fragiles après un retour d’hospitalisation par exemple,
ou de personnes qui vivent avec un proche aidant qui a besoin de repos. Je pense à l’exemple d’une maman de 86 ans qui s’occupait de sa fille en situation de handicap et avait besoin de pouvoir souffler.»

Quels sont les défis auxquels doit faire face la Croix-Rouge, aujourd’hui et à plus long terme? Quels sont les défis du monde humanitaire?
«Bien entendu, il y a le défi financier, alors que les besoins augmentent. Mais je souhaite mettre en avant un défi plus organisationnel.
Depuis quelques années, nous avons été amenés à intervenir très rapidement à la suite de crises, ce qui marque une rupture avec le passé proche. Par exemple, en avril 2022, nous avons ouvert un Centre d’accueil pour les réfugiés, immédiatement après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il existe toujours en raison de la forte hausse du nombre de personnes réfugiées et est situé à la rue de Lausanne.
En 2022, lors de la crise Covid-19, nous avons déployé une dizaine de programmes pour soutenir les personnes isolées et fragilisées.
Ainsi, actuellement, nous travaillons à développer notre capacité à répondre aux crises qui pourraient avoir des répercussions sur la population genevoise. Il pourrait s’agir de catastrophes naturelles ou industrielles, de crises sanitaires ou migratoires, etc. La préparation à ces crises est essentielle pour garantir que la Croix-Rouge genevoise puisse intervenir rapidement et efficacement dans un contexte de vulnérabilités grandissantes, sans déstabiliser les programmes existants.»

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