Rencontre avec Corinne Momal-Vanian, directrice de la Fondation Kofi Annan

COTE Magazine s‘associe au Club diplomatique de Genève pour vous révéler la Genève internationale de l’intérieur. Notre rencontre avec Corinne Momal-Vanian, directrice exécutive de la Fondation Kofi Annan.

Que représente pour vous la Genève internationale ?

C.M.-V.: De par les fonctions que j’ai exercées aux Nations Unies à Genève, j’ai toujours eu la chance d’être au cœur de la Genève internationale. Directrice de l‘information de 2010 à 2015, puis directrice des conférences de 2015 à 2020, j’ai évolué dans un microcosme unique au monde.

Le multilatéralisme tel que pratiqué à Genève est en bien meilleure santé qu’à New York, pour plusieurs raisons. D’une part car Genève est la plateforme opérationnelle du monde onusien, parce qu’elle abrite toutes les organisations internationales. Malgré les divergences politiques qui paralysent le Conseil de sécurité, les pays savent qu’une coopération opérationnelle reste essentielle. D’autre part, Genève est aussi le lieu de la coopération normative : ici sont éditées les normes minimales de conduite que les Etats s’imposent.

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En matière de santé publique, d’échange d’information, de droits de l’Homme, il est intéressant d’observer que beaucoup de problématiques qui auraient dû être réglées au Conseil de sécurité sont traitées aujourd’hui au Conseil des droits de l’Homme à Genève, où les discussions sont difficiles mais continuent malgré tout. Finalement, Genève bénéficie d’infrastructures de qualité, d’un climat agréable, et surtout d’une situation géographique stratégique.

Au cœur de l’Europe, nous sommes à mi-chemin entre l’Asie et Amérique, notre fuseau horaire est le même qu’une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique, ce qui permet d’intégrer le monde entier à la table des négociations. Et surtout, nous avons le soutien financier des autorités fédérales et cantonales qui ont compris l’importance de la Genève internationale.

Comment vivez-vous la Genève internationale au quotidien ?

C.M.-V.: Ce n’est pas un hasard si Kofi Annan a choisi Genève pour y installer sa Fondation. Ce dernier savait qu’il pourrait y trouver de nombreux partenaires pour collaborer avec la Fondation et il aimait montrer au monde ce à quoi ressemble un pays en paix.

La Genève internationale je la vis au quotidien au cœur du quartier des Nations, qui concentre de multiples acteurs. Ce sont beaucoup de rencontres, des événements culturels, des tables rondes. Cette structure relationnelle complexe apporte le succès, les problématiques globales demandant des solutions globales.A la Fondation, nous travaillons au quotidien selon trois axes d’action : la promotion de la démocratie, de la coopération internationale, et de la jeunesse dans les processus de décision.

Afin de prouver que la coopération internationale est utile, nous nous servons de l’exemple de Kofi Annan, dont je fus l’assistante spéciale en 2005 et 2006, et qui a initié tant d’accords internationaux importants. Mais depuis quelques années, ces accords se font trop rares.

Discours inaugural de Kofi Annan sur la paix à Genève

Comment voyez-vous l’avenir de la Genève internationale ?

C.M.-V.: De manière optimiste et réaliste. Le contexte international est troublé, c’est indéniable. Nous assistons à une montée de l’autoritarisme et des nationalismes, au recul de la démocratie et de la paix dans le monde. Le nombre de morts dû aux conflits augmente aussi depuis 10 ans.

Ce sont autant de raisons qui doivent nous pousser à encourager le multilatéralisme.

La jeunesse sera certainement la clé pour un monde plus apaisé. Elle possède une très bonne compréhension des enjeux globaux, est davantage ouverte sur le monde et rejette les inégalités sociales. Notre Fondation encourage les leaders politiques qui feront le monde de demain. A l’avenir, la coopération internationale ne se fera pas seulement entre les états. D’ailleurs, la société civile est aujourd’hui de plus en plus impliquée, avec des organisations à gouvernance hybride.

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La désinformation, le manque de confiance dans les institutions et les bouleversements liés à l’IA sont des thèmes particulièrement importants lorsque l’on parle de démocratie. Le Secrétaire général de l‘ONU, M. António Guterres, est très juste lorsqu’il évoque le besoin d’un renouvellement du contrat social. Les individus devraient pouvoir avoir le sentiment de participer au succès de leur groupe, de leur société, de leur pays.

Si elle n’a pas le monopole du multilatéralisme et ne doit pas l’avoir, Genève doit rester attractive. En tant que membre du Conseil d’administration de l’Aéroport de Genève, je plaide en faveur d’un développement des infrastructures du canton.

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