Dans un tourbillon de magnificence, Nature Sauvage, la nouvelle collection de haute joaillerie de Cartier, présente un regard audacieux et surprenant sur le bestiaire emblématique de la maison. Jacqueline Karachi, directrice de création, dévoile sa vision de cette ode à la splendeur animale.
Pouvez-vous nous décrire l’univers créatif de cette nouvelle collection ?
«Pour cette collection, nous avons souhaité revisiter le bestiaire emblématique de Cartier en lui insufflant une touche de modernité. Nous nous sommes donc concentrés sur une joaillerie expressive, où chaque pièce capture la subtilité et le caractère unique de l’animal. C’est ce supplément d’âme qui nous permet de créer un univers distinctif et de raconter une véritable histoire. Les scénarios imaginés sont le fruit d’une collaboration créative. L’histoire du designer est ensuite réinterprétée par la personne qui porte le bijou et par celle qui le contemple. Ainsi, nos créations peuvent être portées par des personnes de cultures et de styles différents, qui ajoutent leur propre touche dans la mise en scène du bijou.
Nous cherchons toujours à explorer des univers inattendus, et cette collection ne fait pas exception. Le thème – Nature Sauvage – n’est pas traité de manière littérale. En associant l’animalité à d’autres univers, tels que l’architecture, l’animal se libère de son habitat naturel pour investir des lieux inédits. Si nous brouillons volontairement les pistes, la part sauvage de l’animal s’exprime toutefois pleinement dans l’intensité de sa personnalité.»


Quels sont les nouveaux éléments qui viennent enrichir le style de la maison ?
«Nous repoussons constamment les limites de notre savoir-faire, tant sur le plan technique qu’esthétique. La « Panthère Jaillissante » en est un exemple probant. Ce bracelet-bague a en effet nécessité d’importantes prouesses techniques, invisibles mais essentielles. Le défi était de créer une sculpture de panthère imposante et expressive, adaptée à la main. Au fil de la gestuelle, l’animal devient de plus en plus abstrait, permettant une articulation fluide et un ajustement parfait au poignet. Le dynamisme qui en résulte est le témoin de notre savoir-faire, mais également de notre engagement envers la modernité. Il en est de même pour l’hybridation. Sur l’un de nos colliers, une silhouette de scarabée se dessine subtilement à travers un motif architectural évoquant un gratte-ciel. L’hybridation entre le bâtiment statique et le battement de l’aile du scarabée est un élément résolument moderne.»


Quelle est votre vision de la haute joaillerie au 21e siècle ?
«De nos jours et dans un élan de modernité, la haute joaillerie doit être portée. C’est avec cette idée que nous concevons nos créations chez Cartier. Nos innovations techniques ont d’ailleurs un impact direct sur cet aspect. Nous faisons des pièces modulables afin que ces dernières puissent être partagées (au sein d’un couple, dans une relation mère/fille par exemple), ce qui en fait des bijoux vivants. Leur adaptabilité permet également un port quotidien et évolutif, plus ou moins statutaire.»
Quel rôle jouent les pierres dans la création de vos pièces ?
«La pierre est un élément central dans notre développement créatif. L’univers que nous insufflons à chaque animal découle avant tout de la pierre elle- même. Le défi réside dans l’art de mettre en scène l’animal autour de la pierre pour raconter une histoire captivante. Ainsi, la «Panthère Jaillissante», mentionnée précédemment, reflète la personnalité très assumée du sugar loaf émeraude.
L’exemple de la « Panthère des Glaces » est tout aussi pertinent. Tout a commencé avec une sélection de diamants qui ont inspiré à la designer un univers glacé. Elle a accentué cet effet en polissant les pierres de l’intérieur et en les sablant à l’extérieur, puis a donné vie à une panthère volontaire et puissante. Nous nous trouvons là encore face à une mise en scène exceptionnelle, qui capture l’instant précis où la mer de glace se brise et la panthère s’élance. Les blocs de cristal, sertis de diamants, sont articulés pour suivre le mouvement de l’animal. Ce défi technique incroyable a été inspiré et guidé par la pierre elle-même.»

