Olivier Polge met Paris en bouteille

Quand on a beaucoup voyagé, on apprécie d’autant plus ses racines. Le parfumeur maison de Chanel, Olivier Polge, dédie un nouveau parfum à Paris, sa ville et celle de Chanel, après un voyage olfactif à travers l’Europe. C’est dans la capitale française que COTE MAGAZINE l’a rencontré.

Depuis 2018, vous «voyagez» dans les lieux que Gabrielle Chanel aimait fréquenter, avec la ligne de parfums «Les Eaux de Chanel». Comment vous est venue l’idée de ce concept de «destination» pour les parfums?

Les lieux sont importants pour la Maison Chanel, et ont une influence sur la création. Juste deux exemples: Gabrielle Chanel a découvert la culture byzantine à Venise. Dès lors, les influences byzantines ont joué un rôle clé pour Chanel, en mode et en joaillerie. Une visite de Karl Lagerfeld à Biarritz -où Coco Chanel a ouvert sa première boutique de couture en 1915- et la scène actuelle du surf dans cette ville ont inspiré à notre regretté designer la conception de planches de surf Chanel. La ligne «Les Eaux de Chanel» est étroitement liée à notre collection de mode Croisière, qui reflète également cet esprit de mobilité. Les parfums et les fragrances sont usuellement associés à des lieux et à des personnes qui ont compté pour la Maison.

La ligne compte déjà cinq destinations, telles que Deauville et la Riviera. Comment est née l’idée de dédier un parfum à Paris?

Le point de départ de nos «Eaux» est toujours Paris, tout comme pour notre mode Croisière. Nous associons toujours Paris à la destination dans le nom, par exemple «Paris – Deauville» ou «Paris-Edimbourg». Le voyage peut aussi être imaginaire. D’ailleurs, Paris n’est peut-être pas un voyage pour nous, Parisiens, mais il l’est pour d’autres personnes dans le monde. Pour Coco Chanel, Paris était la ville la plus importante dans sa vie. C’est également vrai pour nous, chez Chanel, aujourd’hui.

Alors, quelle est l’odeur de ce Paris imaginaire?

Nous avons conçu le nouveau parfum «Paris – Paris» autour de la rose. Ce n’est pas la rose Centifolia de Grasse que nous utilisons pour «Chanel No 5», mais la rose Damascène. Elle est très pétillante et s’harmonise bien avec les notes d’agrumes. Nous avons ensuite ajouté un ingrédient très pur, le patchouli.

Qui voyez-vous porter ce nouveau parfum?

Je n’aime pas dédier le parfum aux femmes ou aux hommes. C’est certainement un parfum plutôt féminin, mais les hommes peuvent l’utiliser aussi. Il y a toujours eu des notes florales dans les parfums pour hommes.

La situation de ces deux dernières années a-t-elle changé les préférences en matière de parfums?

Après deux ans d’isolement, je constate que les gens se parfument à nouveau davantage, pour eux-mêmes et pour les autres. La sensualité nous a manqué.

Votre Paris…

1. Jardins du Luxembourg ou Jardins des Tuileries?
-Jardins du Luxembourg, sans hésitation.
2. Marais ou Saint-Germain?
-Saint-Germain.
3. Palais de Tokyo ou Louvre?
-Les deux!
4. Rive Gauche ou Rive Droite?
-Ha, le grand débat…
5. Brasserie ou restaurant étoilé?
-Brasserie.
6. Montmartre ou Montparnasse?
-Le même débat que Rive Gauche ou Rive Droite…
7. Café de Flore ou Les Deux Magots?
-Café de Flore.
8. Arc de Triomphe ou Tour Eifel?
-Tour Eifel!
9. Métro ou Vélib?
-Métro. Mais quand il ne pleut pas, je me rends au bureau avec mon propre vélo électrique Riese & Müller. C’est plus rapide et totalement génial, même si je ne suis pas très sportif.

Propos recueillis par Marianne Eschbach

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